• Citations "Pour en finir avec Dieu" de Richard Dawkins

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    Citations significatives

    Grâce à Darwin, il n’est plus vrai de dire que dans ce que nous appréhendons, tout ce qui évoque un plan de conception émane nécessairement d’un dessein. Les résultats de l’évolution par sélection naturelle donnent à s’y méprendre l’illusion d’un dessein, jusqu’à des niveaux prodigieux de complexité et d’élégance. Pg 105

    C’est une erreur courante […] que de sauter de la prémisse que l’existence de Dieu est en principe une question impossible à résoudre, à la conclusion que son existence et sa non-existence sont équiprobables. Pg 70

    […] je soupçonne que, pour beaucoup de gens, la principale raison pour laquelle ils s’accrochent à la religion n’est pas qu’elle console, mais qu’ils ont été abandonnés par notre système éducatif et qu’ils ne se rendent même pas compte qu’ils peuvent opter pour l’incroyance. Pg 487

    […] notre vie devrait avoir d’autant plus de prix à nos yeux que nous savons que nous n’en n’avons qu’une. L’attitude de l’athée consiste en conséquence à chanter la vie […] Pg 458

    À y réfléchir, il est étonnant qu’une religion adopte pour symbole sacré un instrument de torture et d’exécution, souvent porté autour du cou. Pg 319

    La science s’occuperait du comment alors que seule la théologie aurait les moyens de répondre au pourquoi. Au nom du ciel, que peut bien être une question pourquoi? Pg 77

    Ce n’est pas parce qu’une question peut être formulée dans une phrase grammaticalement correcte qu’elle a un sens ou qu’elle mérite de retenir notre attention et d’être prise au sérieux. Pg 77

    Un des effets vraiment pernicieux de la religion, c’est qu’elle nous enseigne que c’est une vertu que de se satisfaire de ne pas comprendre. Pg 162

    L’autre point que je ne peux m’empêcher de souligner, c’est l’assurance démesurée avec laquelle les croyants se prononcent sur des menus détails dont ils n’ont ni ne peuvent avoir aucune preuve. Pg 48

    Pourquoi acceptons-nous si facilement l’idée que si l’on veut plaire à Dieu, ce qu’il faut, c’est croire en lui ? Qu’y a-t-il de si particulier dans le fait de croire ? Est-ce que Dieu ne va pas récompenser de la même façon la gentillesse, la générosité ou l’humanité ? ou la sincérité ? Pg 136

    Peut-être le trait qui nous intéresse (la religion, en l’occurrence) n’a-t-il pas en soi d’utilité directe pour la survie, mais qu’il est un produit dérivé d’une autre chose qui en a une. Pg 220

    Les découvertes des anthropologues ne nous paraissent bizarres que parce que nous ne les connaissons pas. Toutes les croyances religieuses semblent bizarres à ceux qui n’ont pas été élevés dans ces croyances. Pg 228

    Est-ce que la religion irrationnelle pourrait être un produit dérivé des mécanismes de l’irrationalité que la sélection naturelle a installés à l’origine dans le cerveau pour tomber amoureux ? Pg 238

    Les fausses croyances peuvent avoir en tout point le même pouvoir de consoler que les vraies, jusqu’au moment de la désillusion. Pg 450

     Dawkins cite Einstein : « Si les gens ne sont bons que par peur d’un châtiment et dans l’espoir d’une récompense, alors nous sommes effectivement une triste engeance. » Pg 288

    Même si la religion ne faisait pas d’autre mal en soi, sa propension gratuite et soigneusement entretenue à diviser — elle cultive et cède volontiers à la tendance naturelle du genre humain à favoriser son groupe et à pénaliser les autres — suffirait pour en faire une force du mal importante dans le monde. Pg 333

    […] la morale moderne, d’où qu’elle vienne par ailleurs, ne vient pas de la Bible. Pg 312

    Aussi longtemps que nous acceptons le principe que la foi religieuse doit être respectée simplement parce que c’est la foi religieuse, il est difficile de refuser ce respect à la foi d’Oussama ben Laden et des auteurs d’attentats suicides. Pg 389

    [À propos des attentats commis au nom de la religion :] Mais comment ce peut-il être une perversion de la foi si la foi, n’ayant pas de justification objective, n’a pas de norme démontrable susceptible d’être pervertie ? Pg 390

    Je pense que dans l’horreur extrême de l’enfer décrite par les prêtres et les religieuses, l’exagération vise à compenser l’invraisemblance. Si l’enfer était vraisemblable, il suffirait qu’il soit modérément désagréable pour avoir un pouvoir dissuasif. Pg 407

    […] la forme générale du modèle présent dans l’esprit est une adaptation au mode de vie de l’animal, au même titre que ses ailes, ses pattes ou sa queue. Pg 473

    Pour un animal, “réellement” a le sens dont son cerveau a besoin pour l’aider à survivre. Pg 472

    L’évolution dans le Monde moyen nous a mal outillés pour gérer les évènements improbables. Or dans l’immensité de l’espace astronomique ou du temps géologique, les évènements qui paraissent impossibles dans le Monde moyen se révèlent inévitables. Pg 475

    […] il n’y a pas de frontières naturelles dans l’évolution. L’illusion de frontière vient de ce qu’il se trouve que les intermédiaires dans l’évolution sont éteints. Pg 384

     

    Idées intéressantes

    […] nous ne prenons pas nos principes moraux dans l’Écriture. Ou si c’est le cas, que nous y sélectionnons les passages sympathiques et que nous rejetions ceux qui sont déplaisants. Mais alors, il nous faut un certain critère indépendant qui nous permette de décider quels passages sont moraux : un critère qui, d’où qu’il vienne, ne peut venir de l’Écriture elle-même et dont on peut penser que nous le possédons tous, croyants ou pas. Pg 308

    L’idée du NOMA [Non-Overlapping MAgisteria (non-empiètement des magistères) : idée selon laquelle la science doit se préoccuper uniquement du comment et la théologie doit se cantonner au pourquoi.] n’est populaire que parce qu’aucune preuve ne va dans l’hypothèse de Dieu. Dès qu’apparaîtrait le moindre élément susceptible d’appuyer une croyance religieuse, les prosélytes ne perdraient pas une seconde pour jetter le NOMA aux oubliettes. Pg 81

    […] l’omniscience et la toute-puissance sont incompatibles. Si Dieu est omniscient, il doit déjà savoir comment il va intervenir pour changer le cours de l’histoire en usant de sa toute-puissance. Mais cela signifie qu’il ne peut changer d’avis sur son intervention, et donc qu’il n’est pas tout-puissant. Pg 102

    D’après Swinburne, [Dieu] doit même décider en permanence de ne pas intervenir par des miracles pour nous sauver quand nous avons un cancer. Cela ne marcherait pas car : « Si Dieu répondait à la plupart des prières pour qu’un parent guérisse d’un cancer, le cancer ne serait plus un problème que les humains auraient à résoudre. » Et que ferions-nous alors de notre temps ? Pg 194

    […] Adam, le prétendu auteur du péché originel, n’a jamais existé ; c’est un fait bien ennuyeux — que l’on peut excuser Paul de ne pas avoir connu, mais que devrait connaître un Dieu omniscient (et Jésus si vous croyez qu’il était Dieu) — qui réfute fondamentalement la prémisse de toute cette théorie tordue et perverse. Oh, mais bien sûr, l’histoire d’Adam et Ève n’était jamais que symbolique, n’est-ce pas ? Symbolique ? Ainsi pour s’impressionner lui-même, Jésus s’est fait torturer et exécuté en châtiment par procuration pour un péché symbolique commit par un individu inexistant ? Comme je l’ai dit, c’est de la folie furieuse, et cela a quelque chose de vicieusement déplaisant. Pg 322

    Les guerres de religions sont vraiment menées au nom de la religion, et elles ont été horriblement fréquentes au cours de l’histoire. Je ne peux m’imaginer qu’une guerre ait été menée au nom de l’athéisme. Pourquoi ? Une guerre pourrait être motivée par la cupidité économique, par l’ambition politique, par les préjugés ethniques ou raciaux, par une croyance patriotique d’une nation à une destinée. Un motif de guerre encore plus plausible est la conviction inébranlable que sa propre religion est la seule vraie, renforcée par un livre saint qui condamne explicitement à mort tous les hérétiques et tous les adeptes des religions rivales, tout en promettant explicitement que les soldats de Dieu iront tout droit à un paradis des martyrs. […] au contraire, qui voudrait aller en guerre au nom d’une absence de croyance ? Pg 353

    Les fondamentalistes savent qu’ils ont raison parce qu’ils ont lu la vérité dans un livre saint et qu’ils savent à l’avance que rien n’ébranlera leur conviction. La vérité d’un livre saint est un axiome, et pas l’aboutissement d’un raisonnement. […] Il est bien trop facile de confondre fondamentalisme et passion. […] Bien sûr que cela me rend passionné. Comment pourrait-il en être autrement ? Mais ma croyance dans l’évolution n’est pas du fondamentalisme, et ce n’est pas de la foi car je sais ce qu’il faudrait pour me faire changer d’avis, et je le ferais de bonne grâce si les preuves nécessaires venaient à se présenter. Pg 357 à 359

    La pulsion évolutive vers la complexité ne vient pas, du moins dans les lignées où elle se manifeste, d’une propension inhérente à la complexité accrue, pas plus que d’une mutation biaisée. Elle vient de la sélection naturelle : le processus qui, pour autant qu’on le sache, est le seul capable en fin de compte de produire de la complexité à partir de la simplicité. La théorie de la sélection naturelle est authentiquement simple. Il en va de même de son point de départ. Ce qu’elle explique, au contraire, est complexe jusqu’à l’indicible […]. Pg 196

    Comme l’expliquait Darwin, « la sélection naturelle examine minutieusement chaque jour et à chaque heure tout autour du monde chaque variation, même la plus infime, rejetant celle qui est mauvaise, préservant et ajoutant toutes celles qui sont bonnes ; travaillant silencieusement et insensiblement chaque fois et partout où l’occasion se présente à l’amélioration de chaque être organique ». Pg 208

    Le cerveau humain fonctionne avec un programme de simulation de premier choix. Nos yeux ne donnent pas à notre cerveau une photo fidèle de ce qui existe, ou un film exact de ce qui se passe en temps réel. Le cerveau se construit un modèle sans cesse mis à jour : mis à jour par des pulsions qui bavardent le long du nerf optique, mais quand même construit. […] La construction de modèles est une chose où le cerveau humain excelle. Quand on dort, cela s’appelle le rêve ; quand on est éveillé, cela s’appelle de l’imagination ou, quand c’est particulièrement aigu, une hallucination.  Pg 115 & 119

    La sélection naturelle construit le cerveau de l’enfant en lui donnant une tendance à croire tout ce que lui disent ses parents et les anciens de la tribu. Cette obéissance en toute confiance est précieuse pour la survie au même titre que le guidage sur la lune pour le papillon de nuit [pour explication, voir l’article “La science comme produit de l’évolution“]. Mais le revers de l’obéissance en toute confiance est la crédulité aveugle. Pg 226

    Aux premiers stades de l’évolution d’une religion, avant qu’elle soit organisée, les simples mèmes survivent en vertu de la séduction universelle qu’ils exercent sur la psychologie humaine. C’est là que se recoupent la théorie de la religion fondée sur les mèmes et celle de la religion produit dérivé psychologique. Les stades ultérieurs, où une religion est devenue organisée, élaborée et différente arbitrairement des autres religions, s’expliquent très bien par la théorie des mèmeplexes — ces cartels de mèmes mutuellement compatibles. Cela n’exclut pas le rôle supplémentaire de la manipulation délibérée des prêtres et autres. Les religions sont probablement, du moins en partie, conçues intelligemment, comme les écoles et les modes dans l’art. Pg 258

    À y regarder de près, on a l’impression que l’idée darwinienne de l’évolution guidée par la sélection naturelle convient mal pour expliquer la bonté qui est en nous, ou nos sentiments de morale, de décence, d’empathie ou de pitié. La sélection naturelle peut facilement expliquer la faim, la peur et le désir sexuel dans la mesure où ils contribuent tous à notre survie ou à préserver nos gènes. […] [Pourtant, par exemple,] un gène qui programme les organismes individuels pour qu’ils favorisent leur parenté génétique a statistiquement des chances de générer des copies de lui-même. La fréquence de ce gène peut augmenter dans le pool génique au point que l’altruisme dans la famille devient la norme. […] Nous avons […] quatre bonnes raisons darwiniennes pour que les individus soient altruistes, généreux, ou « moraux » les uns envers les autres. Premièrement, il y a le cas particulier de l’apparentement génétique. Deuxièmement, il y a la réciprocité, le remboursement des faveurs données et le don de faveurs « anticipant » un remboursement. Troisièmement, et en conséquence, il y a l’avantage darwinien à se faire une réputation de générosité et de bonté. Et quatrièmement, […] il y a l’avantage supplémentaire de la générosité ostensible comme moyen d’acheter une publicité authentique et impossible à imiter. Pg 272 à 279

    Il est important de ne pas se méprendre sur la portée de la sélection naturelle. Elle ne favorise pas l’évolution d’une perception cognitive de ce qui est bon pour nos gènes. […] Ce que favorise la sélection naturelle, ce sont les règles d’or, qui fonctionnent en pratique pour promouvoir les gènes qui les ont construites. Les règles d’or, par nature, font parfois des erreurs. […] Dans les temps ancestraux où nous vivions en petites bandes stables comme les babouins, la sélection naturelle a programmé dans nos cerveaux des impératifs altruistes en même temps que des besoins sexuels, des besoins alimentaires, des besoins xénophobes, et ainsi de suite. […] Nous ne pouvons pas plus nous empêcher d’éprouver de la pitié quand nous voyons pleurer un malheureux (qui ne nous est pas apparenté et qui ne peut nous rendre la pareille) que d’éprouver du désir pour une personne du sexe opposé (éventuellement non fertile, ou autrement incapable de se reproduire). Ces deux cas sont des ratés, des erreurs darwiniennes, des erreurs bénies et précieuses. Pg 280 & 281

    L’altruisme réciproque fonctionne par l’asymétrie entre les besoins et les capacités à les satisfaire. C’est pour cela qu’il fonctionne particulièrement bien entre des espèces différentes : les asymétries sont plus grandes. Pg 275

    De son point de vue de psychiatre évolutionniste, J. Anderson Thomson attire mon attention sur […] notre biais psychologique à tous, qui consiste à personnifier en agents les objets inanimés. Comme il le dit, nous avons tous davantage tendance à prendre une ombre pour un cambrioleur qu’un cambrioleur pour une ombre. Un faux positif pourrait n’être qu’une perte de temps. Un faux négatif pourrait être fatal. Pg 187

    Le psychologue Paul Bloom , autre défenseur de l’idée « la religion produit dérivé», dit que l’enfant a naturellement tendance à avoir une théorie dualiste de l’esprit. La religion serait un produit dérivé de ce dualisme instinctif. Pg 230

    Cette attribution d’une raison d’être à tout est ce qu’on appelle la téléologie. Les enfants sont des téléologistes [sic] innés et beaucoup le restent en grandissant. Pg 231

    Pourquoi la sélection naturelle aurait-elle favorisé le dualisme et la téléologie dans le cerveau de nos ancêtres et de leurs enfants? […] Dennett a proposé une classification utile en trois rubriques des « postures » que nous prenons quand nous essayons de comprendre, et donc de prédire, le comportement d’entités comme les animaux, les machines ou les autres. Ce sont la posture physique, la posture du plan et la posture intentionnelle. [Dennett, D. C. (1987), La Stratégie de l’interprète : le sens commun et l’univers quotidien, Paris, Gallimard, 1990.] […] La façon la plus rapide d’anticiper son comportement [d’un tigre, par exemple], c’est d’oublier la physique et la physiologie et de passer directement à la course intentionnelle. […] de même que la posture du plan fonctionne pour ce qui n’émane pas d’un plan aussi bien que pour ce qui en émane, la posture intentionnelle fonctionne aussi bien pour ce qui n’a pas d’intentions conscientes délibérées que pour ce qui en a. Il me paraît tout à fait plausible que la posture intentionnelle ait une valeur de survie comme un mécanisme cérébral activant la prise de décision dans des circonstances dangereuses et dans des situations sociales cruciales. Pg 232 & 234

    […] la forte conviction irrationnelle protège contre l’inconstance de l’esprit : « Si les croyances qui ont sauvé des vies n’avaient pas été fortement gardées, l’évolution humaine dans ses débuts en aurait été compromise. Cela aurait été un inconvénient majeur, par exemple, si les premiers hommes n’avaient pas cessé de changer d’idée alors qu’ils étaient en train de chasser ou de fabriquer des outils. » Pg 240

    Pour moi, les efforts humains pour comprendre l’univers se comparent à une entreprise pour construire un modèle. Chacun de nous se construit à l’intérieur de la tête un modèle du monde dans lequel nous nous trouvons. Le modèle minimal du monde est celui dont nos ancêtres avaient besoin pour survivre. Le programme de simulation a été intégré et débogué par la sélection naturelle, et là où il est le plus utile, c’est dans le monde qui était familier à nos ancêtres, dans la savane africaine, un monde à trois dimensions d’objets matériels de taille moyenne se déplaçant à des vitesses moyennes les uns par rapport aux autres. En prime [?] inattendue, notre cerveau s’avère suffisamment puissant pour gérer un modèle du monde beaucoup plus riche que celui médiocre [ !] et utilitaire dont nos ancêtres avaient besoin pour survivre. L’art et la science sont des manifestations débridées de ce bonus. Pg 459

    […] si nous trouvons certaines choses faciles à comprendre intuitivement et d’autres difficiles, c’est que notre cerveau est lui-même un organe qui a évolué […] Notre cerveau a évolué pour [ !] aider notre corps à trouver son chemin dans le monde à l’échelle à laquelle opère notre corps. Nous n’avons jamais évolué pour naviguer dans le monde des atomes. Pg 467 & 468

    On dit souvent que le cerveau renferme un vide en forme de Dieu qui a besoin d’être comblé : nous avons psychologiquement besoin de Dieu — d’un ami, père, grand frère, confesseur et confident imaginaire —, et ce besoin doit être satisfait, que Dieu existe réellement ou pas. Mais se pourrait-il que Dieu occupe tout l’espace d’un vide que nous ferions mieux de combler avec autre chose ? La science, peut-être ? l’art ? l’amitié humaine ? l’humanisme ? l’amour de la vie actuelle dans le monde réel sans croire à d’autres vies au-delà de la tombe ? Pg 440

    Quand une dévote s’entend dire par son médecin qu’il ne lui reste que quelques mois à vivre, pourquoi n’est-elle pas radieuse, toute excitée à cette perspective comme si elle venait de gagner des vacances aux Seychelles ? « Je suis impatiente ! » Pourquoi les croyants qui viennent à son chevet ne la submergent-t-ils pas de messages pour ceux qui sont déjà partis ? « Dis bien toute mon affection à l’oncle Robert quand tu le verras… » Pourquoi les croyants ne s’expriment-ils pas ainsi devant les mourants ? Serait-ce qu’ils ne croient pas vraiment à tous ces trucs auxquels ils font semblant de croire ? Ou bien peut-être qu’ils y croient mais qu’ils ont peur du processus de la mort ? À juste titre car notre espèce est la seule qui n’a pas le droit d’aller chez le vétérinaire pour échapper sans souffrance à son malheur. Pg 45