• Citations "Le mythe de Sisyphe" d'Albert Camus

    Vous pouvez réagir ici à ces citations, donner simplement votre avis, émettre vos critiques ou compléter par d'autres informations.


    Citations significatives 

    […] tout commence par la conscience et rien ne vaut que par elle. Pg 29

    Au fond de toute beauté gît quelque chose d’inhumain. Pg 30 

    Le monde pour [“l’esprit absurde”] n’est ni aussi rationnel, ni à ce point irrationnel. Il est déraisonnable et il n’est que cela. Pg 72

    Commencer à penser, c’est commencer d’être miné. La société n’a pas grand-chose à voir dans ces débuts. Le ver se trouve au cœur de l’homme. Pg 19
     
    L’homme quotidien n’aime guère à s’attarder. Tout le presse au contraire. Mais en même temps, rien plus que lui-même ne l’intéresse, surtout dans ce qu’il pourrait être. Pg 108
     
    […] l’étrangeté : s’apercevoir que le monde est “épais” […]. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous n’avons compris en lui que des figures et les dessins que préalablement nous y mettions […]. Pg 30 & 31
     
    Un monde qu’on peut expliquer même avec de mauvaises raisons est un monde familier. Mais au contraire, dans un univers soudain privé d’illusions et de lumières, l’homme se sent un étranger. Pg 20
     
    Si j’étais arbre parmi les arbres, chat parmi les animaux, […] je serais ce monde auquel je m’oppose maintenant par toute ma conscience et par toute mon exigence de familiarité. Pg 76
     
    L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde. Pg 46
     
    Dans l’univers soudain rendu à son silence, les mille petites voix émerveillées de la terre s’élèvent. Pg 167
     

    Idées intéressantes
     
    Le jugement du corps vaut bien celui de l’esprit et le corps recule devant l’anéantissement. Nous prenons l’habitude de vivre avant d’acquérir celle de penser. Dans cette course qui nous précipite tous les jours un peu plus vers la mort, le corps garde cette avance irréparable. Pg 22 & 23
     
    Il est toujours aisé d’être logique. Il est presque impossible d’être logique jusqu’au bout. Pg 24
     
    Le thème de l’irrationnel, tel qu’il est conçu par les existentiels, c’est la raison qui se brouille et se délivre en se niant. L’absurde, c’est la raison lucide qui constate ses limites. Pg 72
     
    Et c’est bien là le génie : l’intelligence qui connaît ses frontières. Pg 100
     
    On peut poser en principe que pour un homme qui ne triche pas, ce qu’il croit vrai doit régler son action. Pg 21
     
    Le désir profond de l’esprit même dans ses démarches les plus évoluées rejoint le sentiment inconscient de l’homme devant son univers : il est exigence de familiarité, appétit de clarté. Comprendre le monde pour un homme, c’est le réduire à l’humain, le marquer de son sceau. […] Cette nostalgie d’unité, cet appétit d’absolu illustre le mouvement essentiel du drame humain. Pg 34
     
    Exception faite pour les rationalistes de profession, on désespère aujourd’hui de la vraie connaissance. S’il fallait écrire la seule histoire significative de la pensée humaine, il faudrait faire celle de ses repentirs successifs et de ses impuissances. Pg 36
     
    Je disais que le monde est absurde et j’allais trop vite. Ce monde en lui-même n’est pas raisonnable, c’est tout ce qu’on en peut dire. Mais ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme. Pg 39
     
    Notre appétit de comprendre, notre nostalgie d’absolu ne sont explicables que dans la mesure où justement nous pouvons comprendre et expliquer beaucoup de choses. Il est vain de nier absolument la raison. Elle a son ordre dans lequel elle est efficace. C’est justement celui de l’expérience humaine. Pg 57
     
    Cette idée que “je suis”, ma façon d’agir comme si tout a un sens […], tout cela se trouve démenti d’une façon vertigineuse par l’absurdité d’une mort possible. Pg 82
     
    Les conquérants savent que l’action est en elle-même inutile. Il n’y a qu’une action utile, celle qui referait l’homme et la terre. Je ne referai jamais les hommes. Mais il faut faire “comme si”. Pg 120
     
    Qu’est-ce […] que l’homme absurde ? Celui qui, sans le nier, ne fait rien pour l’éternel. Pg 95
     La seule pensée qui libère l’esprit est celle qui le laisse seul, certain de ses limites et de sa fin prochaine. Aucune doctrine ne le sollicite. Il attend le mûrissement de l’œuvre et de la vie. Pg 157
     
    Ce qui reste, c’est un destin dont seule l’issue est fatale. En dehors de cette unique fatalité de la mort, tout, joie ou bonheur, est liberté. Un monde demeure dont l’homme est le seul maître. Pg 158
     
    Le cœur humain a une fâcheuse tendance à appeler destin seulement ce qui l’écrase. Mais le bonheur aussi, à sa manière, est sans raison, puisqu’il est inévitable. Pg 176
     
    […] c’est encore une marque de courage propre à l’Occident que d’avoir rendu si affreux les lieux où la mort se croit honorable. Pg123
     
    Pour un homme sans œillères, il n’est pas de plus beau spectacle que celui de l’intelligence aux prises avec une réalité qui le dépasse. Le spectacle de l’orgueil humain est inégalable. […] Appauvrir cette réalité dont l’inhumanité fait la grandeur de l’homme, c’est du même coup l’appauvrir lui-même. Pg 80
     
    Il vient un temps où il faut choisir entre la contemplation et l’action. Cela s’appelle devenir un homme. Ces déchirements sont affreux. Mais pour un cœur fier, il ne peut y avoir de milieu. […] Si je choisis l’action, ne croyez pas que la contemplation me soit inconnue. Mais elle ne peut tout me donner, et privé de l’éternel, je veux m’allier au temps. Pg 11