• Biographie succinte

     “J’aurais préféré être l’Univers plutôt que lui appartenir.”

    Galoin Sylvain

     

    Il serait peut-être bienvenu que je parle de moi en quelques lignes, non pour m’afficher, mais pour mieux faire comprendre ma motivation à entretenir ce blog. Je donnerai donc ici des éléments biographiques, sans pour autant entrer dans des détails sans pertinence.

    Je naquis au milieu des années quatre-vingts et, bien que j’aie la nationalité française, je me sens profondément belge. J’ai vécu la majorité de ma vie dans ce petit pays ; j’y réside encore et ne compte pas m’exiler.

    Vers treize ans, au cours d’une enfance normale et heureuse, je découvris dans un hypermarché le livre Le Première seconde d’Hubert Reeves. Je le dévorai, quoique je ne pusse comprendre l’entièreté du livre, puisque les quelques notions d’astronomie et d’astrophysique que je possédais se limitaient à celles données dans la collection Astronomie Pratique. Je lus ensuite Dernières nouvelles du Cosmos du même auteur, et puis je me plongeai dans le fameux Patience dans l’azur. J’ai particulièrement aimé ce livre, même si je n’en compris pas toute sa portée ; j’occultai d’ailleurs l’importance de la biologie… Je me cantonnai alors à l’astrophysique et à la physique. Les années qui suivirent me mirent en contact avec de nombreux livres de vulgarisation liée aux sciences physiques. Certains me marquèrent, comme Le Chat de Schrödinger de John Gribbin, La Théorie du chaos de James Gleick, ou La Relativité dans tous ses états de Laurent Nottale.

    L’intérêt que je portais aux sciences physiques me conférait un avantage lors de mes études secondaires. Et vu les facilités que je connaissais dans cette matière (contrairement à bien d’autres, comme la biologie ou l’histoire), je pensais déjà à une carrière dans le domaine.

    Puis vint l’adolescence, une période mentalement difficile. Le professeur d’un club sportif — je souhaite profiter de l’occasion pour lui rendre hommage — me prêta Le Zoo humain de Desmond Morris. Ce fut un moment clef de ma vie. Ma mémoire ne me permet pas de déterminer le lien possible entre ce livre et le mal-être que je connaissais alors. Toujours est-il que durant des années, je haïssais la société, le monde, le Progrès, etc. Peut-être comme tout adolescent, au fond… Je lus par la suite d’autres œuvres qui m’influencèrent : Le Singe nu du même Desmond Morris, L’Homme, cet inconnu d’Alexis Carrel, mais aussi le théâtre de Sartre, quelques œuvres de Camus dont Le Mythe de Sisyphe, Le Zéro et l’infini d’Arthur Koestler et surtout une bonne partie de l’œuvre de Dostoïevski. Je bâtissais alors une théorie que je voulais cohérente, reliant l’existentialisme sartrien, l’absurde de Camus, la complexité de Reeves, les théories de Morris, etc. Et j’en arrivais à conclure que le ver dans le fruit, c’est l’Intelligence, celle avec un i majuscule, donc différente de l’intelligence des autres espèces animales. L’Intelligence est une intelligence émancipée qui, par sa liberté tant vantée, par ses possibilités offerte par la complexification du langage oral, a mis un désordre indescriptible dans le monde. Dans ma toute première nouvelle, le personnage principal — nommé Sénepse, anagramme de “pensées” — reprenait Sartre en lui affirmant que l’Enfer, ce n’est pas les Autres, mais bien plutôt les Pensées ; quant aux Autres, ils ne font que nous jeter férocement dans cet Enfer.

    L’Intelligence, les pensées comme sources de tous les maux… J’inventai alors le concept d’Inaturel, de cet humain naturel et pourtant, malgré son appartenance, bien dissocié par sa liberté, par son Intelligence ; cet humain déchaîné. Et me voilà écrivant poème sur poème. Après avoir terminé un recueil (Aux sombres essaims d’ombres), je poursuis en inventant une poésie Inaturelle, dont voici le principe :

     

    Poésie Inaturelle

     

     

    Que tout soit chaotique

    Surtout qu’on n’aime pas

    Il faut qu’à chaque pas

    Rien ne soit sympathique

     

    Que chaque pas se heurte

    Que nom soit adjectif

    Que verbe soit rétif

    À l’action mais qu’il flirte

     

    Et pronominalise

    Vêtu du mauvais temps

    Incohérent partant

    A belles analyses

     

    Surtout néologeons

    Il faut que dans un flou

    Brumique s’effilou

    Evasant nous nageons

     

    Qu’on sente les coutures

    Et que le verbe suivant

    Référence l’avant

    Diffuse débouchures

     

    Masculin féminise

    Que sexe ne distingue

    En bref que tout soit dingue

    Il faut que tout attise

     

    L’immense Intelligence

    Car il faut ressentir

    Ce qu’elle fit bâtir

    Et son omniprésence

     

    Que tout soit chaotique

    Surtout qu’on n’aime pas

    Il faut qu’à chaque pas

    Rien ne soit poétique.

     

     

    S’ensuivirent de nombreux poèmes dans ce style, initialement destinés à être rassemblés dans un recueil, Les Pourritures terrestres. Projet avorté, mais quelle révolte contre le monde humain ! Peut-être en publierai-je quelques-uns sur ce blog, puisqu’ils ne seront jamais édités sur papier (notamment à cause de leurs innombrables imperfections).

    Par mon inculture encore flagrante, je fis alors un amalgame, une malencontreuse concrétion de l’Intelligence, des sciences, des développements technologiques, des dérives de tout poil, et de la société terne et crasseuse des villes environnantes. Au sortir de mes études secondaires, je me dirigeai toutefois vers des études de physique dans une université française (Lille 1). Pourquoi ? Par commodité : proximité de l’université (cinquante minutes en bus, ou une heure en bus et métro combinés) ; mais aussi par facilité : étudier la physique ne me posait pas de problème et me permettait d’engranger d’autres formes de connaissance grâce à diverses lectures. J’hésitais pour des études de philosophie, mais cela m’aurait demandé beaucoup plus de travail et moins de temps pour lire (raison qui me semble aujourd’hui stupide puisque j’aurais bien plus appris dans une université de philosophie qu’en autodidacte !).

    En entrant à l’université, je ne m’étais pas départi d’une dépression qui durait depuis au moins un an. Les deux années suivantes ne m’apportèrent aucune aide ; au contraire, je m’enfonçais davantage dans la mélasse mentale. Ce qui tua mon entrain déjà fragile, ce furent les navettes entre le domicile et le lieu d’étude : pourquoi étudier la physique, pourquoi contribuer au “développement” de l’espèce humaine, pourquoi “aider” ces inconnus par milliers que je croisais chaque jour, quand on voit au bout du compte ce que le fameux Progrès a permis… Prendre quotidiennement le métro avec un regard critique me démoralisa au plus haut point. Le contraste entre les idéaux des technophiles et la réalité me firent parodier les vers que citent Hubert Reeves dans Patience dans l’azur :

     

     Putrescence

     

    Patience, patience

    Patience vers l’azur

    Chaque atome de science

    Est la chance d’un fruit sur !

     

     

    Au milieu de la seconde année de licence, je décidai de stopper mes études après l’obtention du DEUG (Diplôme d’Études Universitaires Générales). Gribouiller des équations me plaisait, résoudre sans vraie difficulté des problèmes flattait mon égo ; mais philosophiquement, je ne pouvais persévérer dans cette voie, je voulais être cohérent avec moi-même. Je ne trouvais aucun entrain à aider l’espèce humaine à se développer. Je réussis ma seconde année de licence, et je quittais définitivement le monde universitaire. Ensuite, je commençai des études en horaire décalé pour devenir bibliothécaire (études non-terminées), tout en travaillant dans un hypermarché. Au bout de deux ans à me nourrir de ce travail, l’entreprise ne voulut pas renouveler mon contrat (contrainte de l’obligation d’embauche définitive au-delà de deux ans au sein de l’entreprise…). Alors je décidai de faire un métier qui me permettrait d’écrire et de lire à ma guise, donc un métier peu prenant. Depuis plus de quatre ans, je suis employé administratif et je passe plus de huit heures par jour à ne pas pouvoir lire, apprendre ou écrire.

    En 2010, en flânant dans une librairie, je découvris deux livres qui m’attirèrent d’emblée : Pour en finir avec Dieu de Richard Dawkins et De l’inégalité parmi les sociétés de Jared Diamond. Ce fut une révélation. Ce qui me plut dans les deux livres, ce fut la possibilité d’explications offerte par le paradigme évolutionniste. J’avais déjà été mis en contact avec des idées des théories de l’évolution, mais jamais je ne perçus la profondeur et l’importance de leurs implications. Je divorçai d’un paradigme pour en embrasser goulument un autre. Et je retrouvai-là l’entrain pour la lecture et l’apprentissage que j’avais perdu durant plusieurs années. C’est aussi à ce moment que je me réconciliai avec les sciences : les sciences s’avèrent cruciales pour nous donner un paradigme, des concepts moins erronés, moins néfastes que nos préjugés. Le problème n’est pas la science en soi, mais l’usage qu’on en fait. Je compris cela bien trop tard, et je reprocherai toujours à mes professeurs de science de ne pas m’avoir enseigné la biologie avec plus de chaleur, d’entrain, de passion et de vie ; de ne pas m’avoir permis d’appréhender toute l’importance des remises en question rendues possibles grâce aux avancées scientifiques.

    Aujourd’hui, je comprends que j’ai commis une erreur ; non en abandonnant les études de physique, mais en ne me réorientant pas, en délaissant définitivement tout projet de cursus universitaire. Depuis quelques temps, je m’en mords les doigts. Mais je pense que l’on touche ici un problème conséquent : dans les écoles secondaires, il manque assurément de professeurs de science investis et capables de transmettre un amour de la connaissance objective.

    Si l’on m’avait montré toute l’importance des sciences biologiques, des sciences de la complexité, je pense que j’aurais pu être un bon scientifique — pas un grand, mais un bon. Les sciences physiques peuvent aider à la progression des sciences biologiques (et des sciences humaines), mais leur révolution conceptuelle me semble déjà faite (j’en entends me crier dans les oreilles que les sciences physiques sont en pleine mutation ; certes, mais les implications directes me semblent bien moins cruciales à l’heure actuelle que celles des sciences biologiques, car savoir si le Big Bang est le résultat de la collision de deux méga-branes n’aidera pas notre espèce à s’harmoniser avec la biosphère…) ; tandis que la révolution des sciences biologiques, humaines et cognitives est en cours (depuis Darwin) et n’a pas encore été véritablement comprise ni assimilée par la masse humaine.

    Alors, que me reste-t-il ? Ma plume (ou plutôt mes dix doigts), l’écriture d’un roman-essai et ce blog. Rien de bien prometteur… D’ailleurs, ce blog a pour but premier de m’obliger à rassembler mes connaissances, à réfléchir sur différents aspects de la réalité, à assurer la cohérence de la philosophie qui peut en découler, à confronter cette philosophie avec des philosophies extérieures, et ce, dans le but de mieux écrire le roman-essai.

    Peut-être parviendrais-je à reprendre prochainement des études. L’idée me titille régulièrement la conscience. Mais avec un emploi stable et des revenus réguliers, difficile de se lancer. À moins de suivre un enseignement à distance. Toujours est-il que je continue à lire quotidiennement, parce que, comme je l’ai écrit dans un autre article, chaque humain a le devoir d’apprendre.

     

    Sénepse

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  • Commentaires

    1
    Christian
    Samedi 7 Septembre 2019 à 00:06
    Cher Sylvain, je me souviens qu'on a été à la même école secondaire. Je suis ravi de te lire. Que ce que tu deviens aujourd'hui ?
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